Anélie PRUDOR


Doctorante en Anthropologie sociale et historique
LISST-CAS (UMR 5193)
Université Toulouse - Jean Jaurès

 

Parcours universitaire

Depuis 2014 : Doctorante en Anthropologie sociale et historique (UT2J). Entrepreneurs de mémoire et producteurs d’histoire. Les enjeux des commémorations croisées de la guerre d’Espagne entre Aragon et Sud-Ouest français, sous la direction de Galia Valtchinova.

2015-2017 : Chargée d’enseignement au département de Sociologie, Anthropologie puis au département d’Anthropologie (UT2J).

2011-2013 : Master Anthropologie sociale et historique (UTM). Mémoire de M2, sous la direction de Jean-Pierre Albert et le tutorat de Dominique Blanc : Les réseaux transfrontaliers de la mémoire républicaine espagnole entre Haut-Aragon et Midi-Pyrénées.

2010-2011 : Licence Anthropologie, ethnologie (UTM).

2008-2010 : Licence 1 et 2 Sociologie (UTM).

2005-2008 : Diplôme d’état d’éducatrice spécialisée (IFRASS).
 

Recherches en cours

Les mémoires de la guerre d’Espagne et de ses suites (ré)investissent l’espace public espagnol et français depuis le début des années 2000. Au sud des Pyrénées, des associations, parfois appuyées par des institutions (locales, régionales, nationales), organisent des cérémonies, des manifestations ou encore l’excavation de fosses communes et revendiquent la « dignification » des morts et de leurs familles. Au nord des Pyrénées, des regroupements mémoriels se constituent autour de lieux emblématiques de l’exil (camps, cimetières, etc.) dans l’objectif de voir intégrer, dans l’histoire nationale française, l’accueil réservé à leurs « pères et mères » par la Troisième république et la place prise par ces derniers dans la Deuxième Guerre mondiale.

Mais de plus en plus souvent, des commémorations et des journées d’études sont organisées à l’échelle transfrontalière, entre Sud-Ouest français et Aragon. Dès lors, se révèlent des modalités plurielles de prise en compte des mémoires et de l’histoire d’un événement, pensé comme commun, dans deux pays protagonistes mais aux contextes socio-politiques différents. Ces mémoires, qui émergent localement, sont traversées par des enjeux locaux pour enfin être mises en partage lors d’échanges transfrontaliers, dévoilent leur perméabilité et l’adaptabilité de leurs contours. Par un jeu d’échelles et par leur dynamisme, elles impactent à la fois le territoire, les récits familiaux, les activités des militants mémoriels, les actions institutionnelles ou encore la place des universitaires.

Partant des engagements actuels des militants, j’ambitionne de comprendre comment ceux-ci agissent et interagissent en tant qu’entrepreneurs de mémoire des deux côtés de la frontière, mais aussi, ce qu’il advient quand ils se retrouvent pour soutenir un modèle alternatif, tant mémoriel que politique, d’un côté ou de l’autre des Pyrénées. De manière complémentaire, en étudiant la chronologie des différents projets (locaux et transfrontaliers) montés et portés par les acteurs politiques, militants associatifs ou encore universitaires, je souhaite prendre en considération les intentions successives qui ont émergé. Interroger leurs succès ou échecs dans le temps et la place qu’ils conservent dans les actions aujourd’hui réalisées permet de saisir leur mise au service d’une continuité, recherchée, entre luttes politiques et sociales, présentes et passées, françaises et espagnoles. Enfin, je me concentre sur les imaginaires que projettent les militants les uns sur les autres. Des imaginaires qui oscillent entre attentes, idéalisations et déceptions et qui doivent être pris en compte car ils sont à la fois porteurs et médiateurs des relations créées, entretenues ou mises à mal.

En mêlant observation participante et enquêtes orales, dans une approche multisite, il s’agit de questionner les parcours, les intentions et les stratégies des acteurs. Mes recherches se concentrent sur trois niveaux d’enquête étroitement liés, entre individuel, associatif et institutionnel. Observer au quotidien les associations, les actions individuelles et collectives de leurs adhérents mais aussi la coordination des divers protagonistes (institutionnels, universitaires mais aussi familles de disparus et plus largement citoyens) qui se sentent et se disent concernés par la « récupération de la mémoire historique » met en lumière un double mouvement à l’œuvre, entre reterritorialisation des mémoires et déterritorialisation de l’histoire.

Si la rencontre de projets mémoriels, politiques et d’actions différenciés mobilisent des stratégies et des discours singuliers, la volonté de co-construction d’un regard sur l’histoire de cet événement du XXe siècle témoigne, entre divergences et négociations, d’un processus dynamique. En se concentrant sur les mémoires de la guerre et de l’exil, sous l’angle transfrontalier, cette recherche offre l’opportunité de mieux comprendre les usages de ce passé, l’héritage qu’il véhicule, mais aussi les velléités de transmission qu’il engendre en France et en Espagne, dans un aller-retour entre présent, passé et futur.
 

Publications

- Actes de la journée d’étude Mémoires et violences de masse (CANTHEL, université Paris Descartes) « Des entrepreneurs de mémoire producteurs d’histoire. Une controverse actuelle sur l’évocation de la guerre d’Espagne et l’exil républicain dans le sud-ouest de la France », Cargo. (Accepté, en cours de publication)

- Actes de la journée d’étude L’activisme au-delà des frontières (DLC, université Toulouse 1) « Les « rencontres transfrontalières des associations de la mémoire historique républicaine ». Entre internationalisation des luttes et territorialisation des mémoires », Miroirs.

- Février 2017 : Actes du colloque La guerre d’Espagne, entre vide et trop plein (LISAA, université Paris-Est Marne-la-Vallée) « Guerres d’hier et combats d’aujourd’hui. Les enjeux de la commémoration d’une phase ultime de la guerre d’Espagne en Haut-Aragon », dans Barkate Jonathan (dir.) 2017. Les représentations de la guerre d’Espagne, collections numériques du LISAA, Mémoire et territoires, p. 259-276. [en ligne].

- Avril 2014 : Compte-rendu de manifestation scientifique « Les « Huitièmes Journées Manuel Azaña », 7, 8 et 9 novembre 2013, à Montauban », Les Cahiers de Framespa, n°15, 2014. [en ligne].
 

Mots-clés

mémoire(s) ; histoire ; guerre d’Espagne ; exil ; dictature ; associations ; transfrontalier ; commémorations.

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