CERAFRICS. Consumption and Exchange of Roman African Ceramics in Southeastern Spain

 

Tout au long de l'Antiquité et du Moyen Âge, la péninsule ibérique et le Maghreb ont partagé un riche passé commun, favorisé par leur proximité géographique. Malgré les recherches récentes qui se sont concentrées sur la relation entre les deux rives, les données connues pour le secteur oriental de la péninsule sont encore principalement limitées aux sources écrites. CERAFRICS est un projet hispano-français qui cherche à définir la nature et l'intensité des relations économiques entre le Levant et le Maghreb par le biais d'une analyse innovante et multidisciplinaire basée sur des preuves céramiques et la recherche de l’identification de leur contenu.

Le projet, parrainé par la Casa de Velázquez, est une collaboration entre l'Université Complutense de Madrid et le Centre Camille Jullian, avec le soutien du Musée archéologique d'Águilas. Chronologiquement, elle s'étend des derniers siècles de l'Empire romain aux phases inconnues de la période émirale (IIIe-Xe siècle de notre ère), une période de transition complexe qui doit être analysée dans la perspective de la longue durée.

Le choix de la céramique comme source documentaire est motivé par deux raisons. D'une part, elle se justifie par l'avantage qu'elle a de perdurer dans les archives archéologiques, contrairement à d'autres exportations qui ont fait la renommée de l'Afrique ancienne, comme les céréales, les textiles ou le bois fin, et dont la nature organique ne laisse guère de traces, sauf dans des environnements très spécifiques. D'autre part, cela tient à sa valeur indiscutable en tant que document pour l'histoire économique du Maghreb. L'analyse intégrale de différents contextes permettra de quantifier pour la première fois l'impact de ces relations Sud-Nord à travers le prisme d'un centre de consommation privilégié : le port d'Águilas. Au cours des dernières décennies, le développement de l'archéologie urbaine dans cette ville et ses environs, avec des fouilles emblématiques comme celle de l'Isla del Fraile, a généré un important volume de matériel qui en a fait un point de référence pour l'analyse des liens avec le Maghreb.

Parmi les vestiges conservés dans ce port, de nombreux restes de poissons piégés dans divers conteneurs (amphores, spatheia, cuves à salaisons…), ont retenus l’attention des fouilleurs. Ils constituent de précieux indices sur l’exploitation des ressources marines locales ou qui transitent par le port d’Aguillas. Ces documents, souvent rares, sont ici particulièrement nombreux et constituent des données quantifiables inédites sur l’activité de pêche de cette partie de la côte ibérique, inconnue jusqu’alors entre le IIIe et le Xe s.

 

Légende image : Amphores africaines à salaison trouvées sur l'île du Fraile, Águilas (cliché Alejandro Quevedo, UCM)