Callisto MC NULTY
Cinéma
instagram.com/callistomcnulty
Callisto Mc Nulty est une réalisatrice, autrice et traductrice française, née à Paris en 1990. Diplômée de l’université Central Saint Martins (BA Critique, Communication, Curation) et de la Goldsmith University (MA Sociologie - Culture et Genre) à Londres, ses recherches prennent la forme de films et de vidéos, de projets d’édition et de performances. Son travail s’intéresse à des archives qu’elle actualise et porte des voix marginales, peu ou mal écoutées.
En 2019, elle réalise le film Delphine et Carole, insoumuses, co-écrit avec Géronimo et Alexandra Roussopoulos, qui retrace la rencontre fertile, créatrice et politique entre l’actrice Delphine Seyrig et la vidéaste Carole Roussopoulos. Il est sélectionné dans une trentaine de festivals internationaux (La Berlinale, Festival de San Sebastian, FID-Marseille, Lussas, Doc Fortnight — MOMA, Torino Film Festival, Festival International de Jeonju) et reçoit sept prix dont celui du meilleur documentaire français par le Syndicat Français de la Critique du Cinéma.
En 2017, elle co-réalise avec Anne Destival son premier film, Eric’s Tape (74 mins, avec Eric Bauer, William Furlong et Colette Lumière), une enquête autour d’une mystérieuse cassette « Audio Arts », contenant une discussion presque inaudible entre Andy Warhol et quelques protagonistes dont l’identité est inconnue.
Depuis 2019, elle propose des performances avec Émilie Notéris. Revisitant la mise en scène de Delphine Seyrig et Carole Roussopoulos dans « SCUM Manifesto » (vidéo, 1976), Émilie et Callisto répliquent à l’actualité, tantôt par la lecture de textes, parfois en chantant, ou en intervenant par le montage. Ce droit de réponse leur permet de réagir, avec colère mais non sans humour, à cette parole dominante et d’envisager une sortie de route joyeuse et engagée.
Elle est également co-éditrice du livre numérique SCUM Manifesto (édition NAIMA, 2018) et de Bibelot (co-éd. Naomi Fleischer, 2019), conçu d’après l’exposition « Bibelot Summer Show » dont elle a assuré le commissariat en 2018 à la Wendy Galerie, Paris.
En résidence
Source d’horreur et de fascination, la monstruosité est profondément ambiguë : ce qui fait horreur chez elle, ce n’est peut-être pas tant qu’elle relève de l’exceptionnel, de l’altérité absolue, mais peut-être au contraire, qu’elle n’est pas si éloignée de nous. Elle appelle à repenser, en creux, ce qui est jugé
« normal » ou universel.
Le travail actuel de Callisto Mc Nulty se nourrit de cette monstruosité, notamment féminine, et de l’imaginaire qu’elle suscite. La tradition espagnole regorge de ce « féminin monstrueux ». Dans les peintures noires et les caprichos de Goya notamment, peuplés de personnages grotesques et démoniaques, de sorcières, de vieilles femmes, de majas voilées dernière leur mantille, de mendiantes, de mauvaises mères et de prostituées. On le retrouve également incarné dans la Celestina, de Francisco de Rojas, avec ce personnage fascinant entre l’entremetteuse, la mère maquerelle et la sorcière, qui garde une place particulière dans la culture populaire espagnole.
Ces figures nous intriguent car elles mettent en jeu une force folle mais aussi parce qu’elles témoignent du regard que les hommes portent sur ces femmes — un fantasme mêlé de trouble.
Dans sa forme, le film que développe Callisto Mc Nulty sera hybride, sur le mode du collage, et mettra en dialogue des images d’archives et des paroles de femmes. Elle explore ainsi l’association « gluante » entre féminité et monstruosité, menant une réflexion sur le rapport du corps à l’espace, à la méchanceté, à la séduction, au désir de plaire, à la maternité ou encore à la vieillesse.
Crédit photo © Joffrey Speno