
PEPLVM
L'antiquité à l'écran ou l'archéologie du temps présent
Présentation générale
Le péplum est un genre désormais reconnu, après une longue absence du champ de l’esthétique et de la critique cinématographique. Le succès populaire rencontré par ces productions nombreuses, diverses et marquantes, a en effet conduit les critiques et les historiens à s’interroger en profondeur sur ces œuvres. Les représentations de l’Antiquité transmises par le cinéma et la télévision, reprises, détournées, réinventées par d’autres médias, dont la bande dessinée, les jeux vidéos, la publicité, irriguent couramment la culture populaire, du savon Cléopâtra aux clips de Beyoncé, en passant par les avatars d’Astérix. La richesse du corpus (2200 œuvres cinématographiques et télévisuelles produites entre 1896 et 2008) explique l’intérêt représenté par ce genre, qui donne au public l’illusion de voyager dans des époques anciennes propres à l’enracinement de mythes originels, tout en véhiculant des valeurs et des visions propres à un contexte et une période de production.
Le programme PEPLVM cherchera à comprendre comment les représentations de l’Antiquité ont été forgées par plus d’un siècle de mise à l’écran, ce qu’elles traduisent des sociétés des xxe et xxie siècles, et comment, par effet-retour, ces productions ont infléchi l’histoire des territoires et des équipes qui les ont façonnées. Un film ou une série est toujours l’œuvre d’un collectif : les péplums mobilisent des équipes élargies, des lieux multiples de tournages, des milliers d’artisans et de créateurs, des foules de figurant-e-s, dont l’existence est bien souvent transformée par cette expérience marquante.
Ce programme de recherches s’intéresse aux productions cinématographiques et télévisuelles internationales, particulièrement françaises, italiennes et américaines tournées en Europe, de 1897, date du premier film à sujet antique connu, jusqu’au temps présent. Un accent particulier est mis sur l’Espagne, un pays qui entretient une relation particulière avec les « películas de romanos » : depuis la toute fin des années 1950, la péninsule Ibérique a fourni à l’industrie du péplum un cadre idéal de tournage, des épisodes historiques susceptibles d’être adaptés en scenarii et enfin un public savant, curieux et peut-être moins impacté par la réputation sulfureuse de ce « mauvais genre » du péplum. La délocalisation de productions états-uniennes dans la péninsule, à partir de la toute fin des années 1950 et jusqu’aux années 1970, particulièrement l’aventure des studios Bronston à Las Matas, dans la Communauté de Madrid, est un des vecteurs de l’américanisation de l’Espagne du second franquisme. Ces productions ont contribué à la formation du cinéma péninsulaire comme à la transformation des territoires et des sociétés qui ont participé à ces tournages multitudinaires.
Institutions partenaires :
École française de Rome
Grand Programme PSL « Les fabriques de l’Antique. Construire et représenter les temps anciens »
Coordinatrices du projet :
Gwladys Bernard (École des hautes études hispaniques et ibériques-Casa de Velázquez, ArScAn), Pauline Ducret (École française de Rome, ArScAn)

