Pendant les trente-sept ans qui séparent les guerres de Religion et les conflits généralisés du « siècle de fer » ou, en d'autres termes, une Chrétienté dominée par des questions eschatologiques et l'Europe issue des paix de Westphalie, les deux principales puissances catholiques sont en paix. Cette période est un terrain d'étude privilégié pour l'histoire des relations diplomatiques. Efficace et aguerrie, la diplomatie de la monarchie ibérique impose l'image de la puissance royale. Façonnée par les nouvelles formes de gouvernement qui apparaissent alors, elle préfigure la diplomatie moderne et son envers inséparable, l'espionnage. Le monarque hispanique entretient avec le Roi Très-Chrétien et ses sujets des relations ambiguës, exploitant les mécontentements qui se font jour au nord des Pyrénées. Par l'intermédiaire de ses « honorables ambassadeurs », il joue de son charisme religieux, hérité de ses aïeux, qui s'étend largement au-delà des limites de la Péninsule grâce à l'argent d'Amérique. L'impact de cette action se mesure au nombre des « divins espions » ralliés à la cause de l'Espagne et dont la fidélité, après la rupture avec leur souverain, s'adresse désormais à la personne même du roi d'Espagne.
Reseñas
Bibliothèque de l'École des chartes
Nº 165, 2007
Originalité de la méthode, nouvelle définition du champ diplomatique, relecture de la diplomatie officielle espagnole à l'aune de celle du secret font de l'ouvrage d'A. Hugon une référence indispensable.
Cécile de Becdelièvre
Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance
2006
Ce livre est vraiment un livre d’historien, avec les devoirs de sa charge, notamment le dépouillement des archives espagnoles, ainsi que celui des correspondances diplomatiques, manuscrites ou publiées, et de la littérature secondaire. Livre d’historien aussi en raison de sa méthodologie. […] À Braudel, l’auteur emprunte l’art d’articuler souplement le rythme lent de la géopolitique, celui plus rapide de l’histoire des mentalités, enfin, les péripéties trépidantes de l’histoire événementielle. Comme tous les véritables historiens, A. Hugon excelle à ouvrir des perspectives qui intéressent d’autres disciplines que la sienne.
Daniel Ménager