Alessandra MONARCHA SOUZA E SILVA FERNANDES
Architecture
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Architecte italienne et brésilienne née en 1988 à Rio de Janeiro, Alessandra Monarcha étudie à l’IUAV de Venise de 2008 à 2011, puis sort diplômée de l’ENSA de Versailles en 2014.
De 2014 à 2017, elle est cheffe de projet à l’AUC à Paris. Elle y développe un regard critique et informé sur les enjeux du projet urbain et architectural. En mars 2017, elle s’installe à son compte à Paris, et en 2017 et 2018, elle pérennise sa collaboration avec Odysseas Yiannikouris, et devient partie prenante des recherches qu’il mène à la Villa Médicis.
Ses projet personnels interrogent la figurabilité des phénomènes urbains et territoriaux. Fondée sur une pensée des interactions, de l’hybridité des identités et de la trans-localité, sa démarche croit en la nécessité de retourner le regard sur les situations concrètes de l’urbain et du rural, comme réaction logique à l’utopie de l’infini actuel, qui avait caractérisé le projet moderne.
La recherche documentaire et l’exploration de situations forment la base d’un corpus de création qui questionne le rapport aux espaces de production — ceux, notamment, en dehors des métropoles —, notre rapport collectif aux énergies et l’interaction entre architecture et territoire ressource. En résulte une production multiple : photo, vidéo, maquettes, prototypes, dessins, cartes et installations entrent en corrélation pour cueillir les articulations du réel.
Une thématique récurrente s’en dégage : celle d’un nouveau vernaculaire technologique, capable d’exprimer plastiquement la complexité des enjeux que notre nouvelle condition climatique impose.
En résidence
Le projet d’Alessandra Monarcha est d’abord celui d’une exploration, de Madrid à Murcie, dressant un atlas de l’eau comme aménité dans une Espagne au climat aride.
On pose le regard au Sud-Est de l’Espagne, sur les Campos de Níjar ou de petites coupoles et voûtes allongées ponctuent les terres arides entre les fermes et les oasis : les aljibes. Ces citernes de briques, de pierre et de stuc ont fait la vie d’Al-Andalus en y récoltant la pluie. Parfois au coeur d’un village, flanqués d’un décor baroque, les aljibes comunitarios sont au centre de l’espace public.
On remonte ensuite le cours du Trasvase Tajo-Segura et ses 300 kilomètres de canaux qui depuis Guadalajara — à une cinquantaine de kilomètre à l’est de Madrid —, amènent l’eau du Tage jusqu’à Almería et Murcie, potagers de l’Europe. Achevé en 1979, le Trasvase raconte l’histoire d’un modernisme planificateur qui a cru en l’abondance infinie et qui a consommé le conflit entre nature et culture. Le long de ce fil, où prélever l’eau est interdit, se trouvent les architectures du génie hydraulique qui a fait le faste millénaire de l’arc méditerranéen : pozos de la nieve, canaux creusés à même la poudingue à Murcie, carrousels géants d’Albacete, jusqu’au lac du Barrage de Buendía au fond duquel gisent les thermes du Real Balneario de La Isabela.
Entre planification du progrès de la nation et génie multiple du lieu naît donc ce projet. En parcourant ces héritages superposés, en interrogeant la résilience ou l’obsolescence des structures, en interprétant leurs plastiques et leurs contrastes, ce travail transdisciplinaire — dessins, photos, textes, prototypes et maquettes — vient figurer une architecture qui placerait la ressource au coeur de la création des espaces sociaux contemporains.