JJA 2018 - Journées des Jeunes Américanistes

Violences dans les Amériques

21MAIO - 22MAIO 2018
Mexico & Madrid
Jornadas de estudio

Org. : Centro de Estudios Mexicanos y Centroamericanos (UMIFRE 16, USR 3337, México), Instituto Francés de Estudios Andinos (UMIFRE 17, USR 2237, Lima), École des hautes études hispaniques et ibériques (Casa de Velázquez, Madrid), Universidad Nacional de Educación a Distancia (UNED, Madrid), Institut des Amériques.

Inscriptions closeshttps://www.casadevelazquez.org/recherche-scientifique/formulaires/epoques-moderne-et-contemporaine/formulaire-dinscription-jja2018/

Journées d'étude les 21 et 22 mai 2018
Lieux : CEMCA (Mexico) et Casa de Velázquez (Madrid)

Présentation

La neuvième édition des Journées des Jeunes Américanistes (JJA) est une initiative des doctorants et jeunes docteurs de diverses institutions européennes et latino-américaines : le Centre des Études Mexicaines et Centre-américaines (CEMCA, Mexico), l'Institut Français des Études Andines (IFEA, Lima), la Casa de Velázquez (Madrid) et la Universidad Nacional de Educación a Distancia (UNED, Madrid).

Les JJA proposent, pour les jeunes chercheurs, un espace de discussion interdisciplinaire et international, ouvert aux différentes réflexions et méthodes des Sciences humaines et sociales. L’édition 2018, consacrée à l’étude des Violences dans les Amériques, se déroulera de façon simultanée à Mexico et à Madrid les 21 et 22 mai. Chaque participant sera invité à présenter son travail en intégrant sa réflexion à la thématique des journées. À Mexico, les JJA prendront place dans un colloque international mené dans le cadre d'un Fonds d'Alembert et organisé en partenariat avec les services du SCAC sur le thème : « Le corps de la violence/el cuerpo de la violencia ».

Problématique

L’extrême violence qui sévit aujourd’hui en Amérique latine peut-elle constituer un observatoire privilégié des phénomènes de violence à différentes échelles spatiales et temporelles ? La « violence de rétribution » (Beik, 2007) des subalternes en demande de justice peut s’opposer à la « violence légitime » de l’Etat (Weber, 1998 [1971]), à la « violence symbolique » (Bourdieu, 2012) des institutions, ou encore à la violence structurelle des rapports d’oppression de classe, de genre et de race. Phénomène incorporé dans les consciences et les corps, la violence se manifeste par le crime ou l’affrontement, mais aussi de façon moins spectaculaire et plus durable par le traumatisme ou le silence. Aussi, une approche contemporaine des violences dans les Amériques doit prendre en compte la multiplicité des acteurs concernés, qu’ils exercent la violence, qu’ils en soient victimes ou qu’ils l’observent. Il s’agira de saisir la spécificité des violences à l’œuvre dans les Amériques, de l’époque préhispanique à nos jours, en passant par le moment fondateur des Indépendances (Halperin Donghi, 1985), mais aussi de les appréhender dans une perspective globale et connectée : par exemple dans les aspects liés au crime organisé, aux migrations, à la circulation des répertoires d’action (Tilly, 1984), ou encore aux représentations culturelles. Enfin, l’objectif sera de proposer une démarche pluridisciplinaire de l’étude de la violence – trop souvent cantonnée à des champs disciplinaires – ainsi que d’identifier les problématiques permettant de penser l’intrication des différentes échelles d’analyse. Les propositions de communication pourront s’intégrer dans l’un des trois axes de réflexion suivants :

Axes de réflexion

1. Les acteurs politiques de la violence

Cet axe propose de s’interroger sur les acteurs ayant recours à des répertoires de violences à différentes échelles. Les territoires latino-américains se sont construits à partir de processus violents : les conflits de l’époque précolombienne comme la pratique de la guerre fleurie, de même que la conquête coloniale, l’esclavage, et les guerres d’Indépendance, civiles ou interétatiques pourront être abordés. Ainsi, les sciences sociales peuvent témoigner de l’action des forces coercitives de l’Etat et de ses alliés (police, armée, paramilitaires), souvent traversées par des tensions internes. Des acteurs et des groupes collectifs se sont également opposés aux Etats en développant des répertoires d’actions violentes et insurrectionnelles, qui pourront être analysés. Enfin, la violence est aussi exercée localement, par des élites ou des groupes dominants, afin d’affirmer leur autorité face à des entités globales ou régionales, et à des groupes subalternes. Les violences religieuses, liées aux rituels, aux sacrifices, à l’Inquisition ou à des phénomènes plus contemporains pourront aussi faire l’objet d’analyses spécifiques.

2. La violence à l'épreuve du terrain, le chercheur au cœur de la violence

Le chercheur travaillant sur la violence est personnellement confronté à ses manifestations sur le terrain. L’étude de ces situations-limites constitue en soi une prise de position et implique des considérations éthiques. Sur le terrain, les caractéristiques sociales de l’enquêteur, en particulier son genre, jouent un rôle déterminant dans les menaces qu’il ou elle affronte et dans les stratégies mises en œuvre. Par ailleurs, le chercheur se heurte à la difficulté d’interpréter des sources produites par des acteurs (États, ONGs, etc.) dont les catégories sont susceptibles de réifier la violence ou de l'effacer. La violence peut aussi avoir un impact sur les sources disponibles pour la connaissance des périodes anciennes et peut être interrogée en tant que contexte de production d’une source. Ces questions peuvent donner lieu à des réflexions de la part des chercheurs sur les manières dont la violence transforme leurs objets, et conditionne l’élaboration des contenus scientifiques.

3. À la croisée des démarches, comment restituer la violence ?

Les formats non-verbaux tels que le document visuel, photographique, sonore ou filmique permettent aussi d’aborder d’autres dimensions sociales, émotionnelles et cognitives de la violence, de déplacer le regard et d’enrichir l’approche du chercheur. Face à des contextes de violence, des artistes, dans les Amériques comme en Afrique ou au Moyen Orient, peuvent choisir de s’engager dans un travail d’interprétation et de mise en visibilité fondé sur des mécanismes liés aux sens, à la mémoire et aux émotions. La création actuelle tant dans la culture savante (littérature, art contemporain) que dans la culture populaire (création urbaine, pratique religieuse, musique et mode) fait de la violence un objet propre à être représenté et interrogé pour mieux le sublimer tout en le chargeant d’une force critique.

Bibliographie

Beik, W. (2007). The violence of the french crowd from charivari to Revolution. Past and Present, 197, pp. 75-110. 
Bourdieu, P. (2012). Sur l’Etat. Paris : Seuil.
Carrera Damas, G. (dir.). (1999). Historia general de América latina. Paris et Madrid : Unesco et Trotta.
Halperin Donghi, T. (1985). Reforma y disolución de los Imperios Ibéricos. Madrid : Alianza Editorial.
Tilly, C. (1984). Les origines du répertoire de l'action collective contemporaine en France et en Grande-Bretagne. Vingtième siècle, revue d'histoire, 4 (1), pp. 89-108. 
Weber, M. (1998 [1971]). Economie et société 1. Paris : Presses Pocket.

Instructions pour l’envoi des propositions

Cet appel est ouvert à tous les étudiants inscrits en Master et/ou en Doctorat, en Sciences Humaines et Sociales, et travaillant sur les Amériques et les Caraïbes. 

Les candidats devront compléter en ligne le formulaire, mis à disposition à cette adresse avant le 31 janvier 2018. Ils devront fournir un résumé de la communication de 500 mots maximum incluant : un objet d’étude, le terrain de recherche, l’approche méthodologique et cinq mots clés. 

Les propositions sont acceptées en français, espagnol, anglais et portugais mais les journées seront réalisées en espagnol. Les résultats de la sélection seront communiqués début février. Les candidats sélectionnés devront ensuite réaliser un travail préliminaire sur leur thème de recherche pour alimenter les travaux de groupe durant les journées.

Conditions pratiques

À Mexico, les journées auront lieu au CEMCA. Les organisateurs offrent, pour les participants extérieurs à la ville de Mexico qui en font la demande, un logement en chambre double partagée pour les nuits du 21 et du 22 mai 2018, ainsi que deux déjeuners.

À Madrid, les journées auront lieu à la Casa de Velázquez en collaboration avec l’Universidad Nacional de Educación a Distancia (UNED). Les organisateurs offrent, pour les participants extérieurs à Madrid qui en font la demande, un logement en chambre double partagée pour les nuits du 21 et du 22 mai 2018, ainsi que deux déjeuners. 

Comité scientifique et d’organisation 

Michel BERTRAND, Directeur de la Casa de Velázquez
Guillaume DUARTE, IHEAL-CREDA
Évelyne MESCLIER, Directrice de l’IFEA
Nicolas MORALES, Directeur des études Casa de Velázquez
Arthur MORENAS, Institut des Amériques
Caroline PERRÉE, CEMCA
Ana María RIVERA MEDINA, UNED
Michelle SALORD LÓPEZ, Institut des Amériques
Frédéric SPILLEMAEKER, EHEHI-Casa de Velázquez
Bernard TALLET, Directeur du CEMCA
Marko TOCILOVAC, EHEHI-Casa de Velázquez

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