Musée et démocratie dans l'Europe Méditerranéenne

Art, histoire et citoyenneté (XXe – XXIe siècle)

2JUILLET - 4JUILLET 2019
Madrid - Casa de Velázquez
Université d'été

Coord. : Jesús CARRILLO CASTILLO (Universidad Autónoma de Madrid), Cyril ISNART (CNRS / UMR 7307 IDEMEC, Aix-Marseille Université), Nicolas MORALES (EHEHI, Casa de Velázquez), Dominique POULOT (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne)

Org. : École des hautes études hispaniques et ibériques (Casa de Velázquez, Madrid), Universidad Autónoma de Madrid, UMR 7307 IDEMEC, CNRS / Aix-Marseille Université, Université Paris 1 - Panthéon Sorbonne

Coll. : Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía
 

Inscription obligatoire
Inscriptions closes

Dates de l’Université d’été : 3-5 juillet 2019

Lieu :
Casa de Velázquez
C/. Paul Guinard, 3
28040 Madrid – España

 

Présentation

Le musée et son accès ouvert au grand public matérialisent un rapport à la fois symbolique et effectif entre l’État et les citoyens, une « raison muséale » qui, comme l’a montré D. Poulot1, engage la création d’identités démocratiques et des régimes de légitimations en constantes mutations. L’institution muséale, qui se fonde sur un régime de propriété publique des biens culturels et un partage égalitaire de ces biens symboliques, possède en Europe des origines très diverses et entretient des héritages plus ou moins sensibles avec les imaginaires politiques collectifs d’Ancien Régime. Le cas français est en cela singulier, car il a imposé, pendant la période révolutionnaire de la Convention (1793-94), une rupture fondatrice, articulant à l’autorité muséale un projet de profonde refondation de l’identité et de la souveraineté du peuple.

Nous proposons d’aborder l’histoire contemporaine des rapports entre musée et démocratie au cours du XXe et au début du XXIe siècle dans l’Europe du Sud, en privilégiant l’analyse des institutions muséales en lien avec le régime de souveraineté populaire dont elles tirent leur origine et leur justification, tout en prenant en compte la diversité de ces imaginaires et des systèmes démocratiques, dans une perspective transnationale.

L’aire à la fois géographique et culturelle de l’Europe du Sud offre en effet un champ d’étude particulièrement fécond, puisque la diversité des expériences de ruptures et transitions démocratiques au XXe siècle (France Espagne, Grèce, Italie, Portugal, ancienne Yougoslavie) permettent d’observer les enjeux et les modes d’investissement variés du musée dans la refondation contemporaine de la citoyenneté démocratique. En regard de la France et de l’Italie, qui font partie des premiers pays fondateurs de la CEE, il s’agira de mieux saisir les régimes de singularité des rapports entre musées et démocratie dans le cadre européen, pour les pays du Sud notamment qui sont entrés dans l’espace européen au cours des années 1980 et 1990 et ont accompli des processus de démocratisation rapides. Dans le contexte institutionnel, comme dans le champ des revendications associatives et culturelles des minorités (ethniques, politiques, professionnelles, sexuelles, migratoires coloniales, etc. ), la compétition ou les conflits muséographiques structurent de manière forte les attentes et les imaginaires muséaux. À l’image des (re)fondations des sociétés démocratiques du Sud de l’Europe, le champ des pratiques muséographiques se présente à la fois comme un lieu d’élaboration d’une identité nouvelle se voulant consensuelle et comme un lieu de négociation, parfois douloureuse, des différentes mémoires et des différentes identités qui voudraient s’y exprimer. Cette perspective ancrée sur le Sud de l’Europe cherche à ouvrir un nouveau questionnement plus global des institutions muséales à partir de la notion même de Sud, pour étudier à partir de ses marges les reconfigurations matérielles, architecturales, administratives et professionnelles d’un espace culturel démocratique européen. Cet angle de réflexion, lié au Southern turn, vise à étudier les circulations, les réinvestissements ou la reconceptualisation de pratiques muséales à l’échelle globale et dans une logique Sud / Sud.

Enfin, la diversité et les mutations des institutions muséales (musées d’art, musées d’histoire, musées de société…) offriront un autre angle d’approche pour analyser, à l’époque actuelle, les processus de représentation et de légitimation des identités démocratiques en construction ou en crise. Privilégiant l’étude des relations entre musées et démocratie, nous porterons aussi une attention particulière aux transformations les plus récentes des identités et des valeurs démocratiques, depuis la fin de la Guerre Froide et notamment dans le cadre d’une crise actuelle de la représentation démocratique. Dans un début de XXIe siècle si visiblement marqué par des phénomènes que W. Brown a qualifiés de « dé-démocratisation » globalisée2, le musée est à la fois investi par des logiques d’entreprise, mais il constitue aussi un lieu central de démocratie réelle, à travers l’essor de la muséologie sociale et des politiques de participation, qui cherche à réorganiser collectivement des possibles démocratiques et un partage populaire des biens culturels communs.

Capital symbolique, capital politique, capital économique et capital culturel participent à l’institution muséale : leurs logiques, leurs modes d’interactions, leurs évolutions et leurs contradictions feront l’objet de cette université d’été destinée à la fois, à des doctorants ou à des post-doctorants, ainsi qu’à étudiants inscrits en 2ème année de Master, dont le projet de recherche est déjà avancé et à des professionnels, désirant compléter leurs connaissances. Le musée comme pratique, comme utopie, mais aussi comme promesse démocratique pourra être abordé à partir de champs disciplinaires divers. Les études muséales peuvent en effet être investies par des chercheurs issus de l’histoire politique, l’histoire des institutions culturelles, des cultural studies, des sciences politiques, de l'histoire de l'art, de la sociologie, l’anthropologie ou la philosophie.

1. Dominique Poulot, Une histoire des musées de France, XVIIIe-XXe siècles. Paris, La Découverte, coll. « L’espace de l’Histoire », 2005.
2. Wendy Brown, Undoing the Demos. Neoliberalism's Stealth Revolution, Cambridge, MA, MIT Press, 2015.
 

Conférenciers et formateurs

  • Manuel BORJA-VILLEL (Directeur du Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía)
  • Alexandra BOUNIA (University of the Aegean)
  • Jesús CARRILLO CASTILLO (Universidad Autónoma de Madrid)
  • Noemí DE HARO (Universidad Autónoma de Madrid)
  • Nélia Susana DIAS (Instituto Universitário de Lisboa)
  • Beatriz HERRÁEZ (Directrice d'ARTIUM, Centro Museo-Vasco de arte contemporáneo, Vitoria)
  • Cyril ISNART (CNRS / UMR 7307 IDEMEC, Aix-Marseille Université)
  • Jesús Pedro LORENTE LORENTE (Universidad de Zaragoza)
  • Nicolas MORALES (EHEHI, Casa de Velázquez)
  • Bojana PISKUR (Conservatrice du Musée d'art moderne de Ljubljana)
  • Ilaria PORCIANI (Università di Bologna)
  • Dominique POULOT (Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne)
     

 

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