Jérémie FERRER-BARTOMEU
École nationale des chartes
Parcours universitaire et expérience professionnelle
2013-2016 : Chargé des travaux dirigés des professeurs Denis Crouzet et Lucien Bély (La chrétienté dans l’angoisse, XVe-XVIe s. ; Les États face aux réformes, XVIe s. ; Charles Quint, l’expansion d’un système de puissance ; La France de Louis XIV, aspects économiques, sociaux et culturels).
2015 : Fellow de la Newberry library (Chicago).
2014 : Boursier scientifique de l’EHEHI, Casa de Velázquez.
2009-2013 : Professeur d’histoire-géographie (Académies de Créteil et de Versailles). Chargé de cours en histoire urbaine à Sciences Po Paris, collège universitaire ibéro-américain de Poitiers et au département de géographie de l’Ens-Ulm. Auteur de manuels scolaires (Hatier, CNDP).
2011 : Master 2 d’histoire moderne, dir. Pr. Denis Crouzet et Nicolas Le Roux, université Paris-IV - Paris-Sorbonne.
La Main du roi dans les arcanes de l’État. Correspondances politiques et configuration des pouvoirs dans le royaume de France des derniers Valois, 1570-1590.
2008 : Master 1 d’histoire moderne, dir. Pr. Denis Crouzet et Nicolas Le Roux, université Paris-IV - Paris-Sorbonne.
L’empire du prince. Le pouvoir royal et les villes d’après la correspondance d’Henri d’Anjou (1567-1573)
2006-2011 : École normale supérieure de la rue d’Ulm, (départements d’histoire, de géographie et de sciences sociales).
Autres activités scientifiques
- Membre de l’Association des historiens modernistes des universités françaises, de la Société Henri IV et de la Renaissance society of America.
- Participation aux comités de lecture et collaboration : Urbanités, Jef Klak, Socialter, Versus Art (PSL).
Recherche en cours
Principaux axes de recherches
- Histoire sociale du politique.
- Histoire des institutions des États modernes.
- Histoire des Guerres de religion.
- Transferts des savoirs administratifs à l’échelle européenne.
Thèse de doctorat (2013-2017)
« Volontés d’État. Pouvoirs des « bureaux », correspondances et reconfigurations de la société politique : le département de Nicolas de Neufville, seigneur de Villeroy, secrétaire d’État (vers 1560-1610) », dir. Pr. Olivier Poncet, directeur d’études de l’École nationale des chartes, directeur du centre Jean-Mabillon. École doctorale 188 de l’université Paris-IV - Paris-Sorbonne / Comué Paris Sciences et Lettres.
Je porte mon attention sur un ensemble de sources très disparates afin de réaliser une histoire problématique de l’État, saisi à travers l’inflation documentaire des « papiers d’État », née des troubles. Cette inflation documentaire suppose la refonte des cadres traditionnels de la société politique et l’implantation, au cœur de l’État, d’un personnel aux horizons d’attente neufs pour soutenir cette réformation qui s’inscrit dans les conceptions politiques nouvelles des derniers Valois. Une approche de l’État par la pratique et la consistance concrète de l’ouverture des paquets de correspondances, la préparation et la collection de formulaires de listes de relais de postes, les ratures et brouillons des lettres montre un projet politique mouvant, s’affrontant à la rugosité et aux malheurs des temps. Les innombrables décisions prises par les commis de chancellerie révèlent une histoire politique ouverte et potentielle. Sans faire l’économie d’une réflexion sur la notion problématique qu’est l’État moderne dans la récente historiographie, je centre l’analyse sur la jonction des intérêts d’une société politique qui lie son destin matériel au prince et la déclinaison des pratiques de ce groupe dans l’action de gouvernement.
L’institution, au cœur du gouvernement du royaume, des secrétaires d’État m’apparaît alors centrale ; cette innovation politique préfigure les transformations de la « monarchie administrative » des XVIIe-XVIIIe siècles et dessine les contours d’un nouveau groupe élitaire, aux pratiques et aux savoirs nouveaux et largement empiriques.Un acteur en particulier me semble rendre raison des profonds bouleversements de l’entourage royal : Nicolas de Neufville, seigneur de Villeroy. L’analyse de ses pratiques professionnelles et de ses conceptions politiques s’insère dans le courant récent de l’étude européenne des acteurs institutionnels. Je tente ainsi de lier pratiques et événements, discours et cadres mentaux en dépliant ce qui fait la matière dense de la vie et des écrits du secrétaire de quatre rois de France (1567-1617). L’étude conjointe de l’édifice de papiers produit, d’une trajectoire politique et des réformes de l’entourage du roi dans les décennies 1580-1590 semble alors fructueuse pour faire une histoire problématique de l’État. Je tente ainsi de comprendre comment Villeroy fonde, en fait et en droit, de nombreuses innovations politiques qui, sur près de cinquante ans, s’adossent à la configuration d’un imaginaire royal profondément renouvelé.Pour faire l’histoire de ce moment politique saisi à travers l’inflation documentaire des papiers d’État, je souhaite inclure dans un corpus aux dimensions vastes des sources disparates.
La diversité et les contiguïtés de ces sources m’intéressent pour les actes qu’ils accomplissent. Dans ce programme, je me propose de réaliser des sondages des séries de correspondances politiques actives entre le monarque et certains de ses secrétaires. Ce matériau permet de restituer, sur des séquences longues, les conceptions de la pensée politico-religieuse des derniers Valois et du premier Bourbon. Les mutations et les horizons d’attente du groupe des « lettrés d’État » résident également dans la saisie des correspondances entre les départements, mais aussi avec les différents acteurs du pouvoir engagés dans les opérations de guerre et de négociation.
Les sources normatives rendent très sensible l’effort de réformation voulu par le dernier Valois : je cherche à lier, par une approche comparatiste, les textes qui traitent de l’organisation de l’administration attachée directement au service du roi et ceux qui structurent les nouvelles institutions de pénitence et de piété démonstrative. Les sources discursives – mémoires d’État, relations longues, traité de correspondance – sont l’élément fondamental qui permet de lier sources épistolaires et sources de la pratique, afin de résorber les ténèbres qui envahissent les cabinets des départements des secrétaires du roi fin XVIe-début XVIIe siècles.
La trame générale de ces chantiers est en outre constituée par l’analyse des transferts de savoirs administratifs entre les monarchies espagnole, anglaise et française. J’observe comment les « bureaux » des secrétaires entrent en interaction par l’intermédiaire de leurs agents diplomatiques lors des crises et des négociations politiques internationales, des contacts cérémoniels et conflicutels. J’observe l’émergence d’une « science d’Etat » progressivement partagée par une « république européenne des bureaux ». Mon programme de recherche à la Casa de Velázquez se propose de matérialiser et de démontrer ces transferts, les leviers techniques et concrets qui les autorisent, les concepts théoriques qui les légitiment ou les combattent. Je souhaite ainsi travailler à une histoire en contexte, matériel du fait politique d’État, à l’échelle que les acteurs étudiés embrassent eux-mêmes par les décisions qu’ils prennent et les informations qu’ils reçoivent quotidiennement.
Publications et participations choisies
- « Le secret des bureaux. Pouvoirs du secrétariat et circulation de l’écrit politique. (France-Espagne-Angleterre au temps des tensions de religion. 1580-1610) », Seminario per i dottorandi di Storia moderna e contemporanea, Scuola Normale Superiore, Pise. (Juillet 2016)
- « Exceptions à la règle, autonomie des acteurs. Le pouvoir des bureaux de la monarchie française en période de dissensus politique (vers 1585 - vers 1595) ». Les épreuves de la guerre civile (XVIe-XXIe siècle), (coord. Jérémie Foa, Quentin Deluermoz), Ehess, Paris. (Juin 2016)
- Discutant de la journée d’étude « Servir le roi en temps de guerres de Religion » (coord. Matthieu Gellard, Jérémie Foa et Bertrand Haan (Bibliothèque de la Sorbonne). (Juin 2016)
- Fellow, École Nationale des Chartes Exchange Fellowship, Newberry library (Chicago, É-U. d’A.), présentation des travaux de recherche au Centre d’études de la Renaissance (C. Zecher, direction). (Juin 2015)
- Allusions, silences et ellipses. Le secret des correspondances politiques de Nicolas de Neufville, seigneur de Villeroy, secrétaire d’Etat (royaume de France - vers 1570 - vers 1595), « Arcana Imperii : Gouverner par le secret dans l’Espagne moderne », École des hautes études hispaniques et ibériques (Casa de Velázquez, Madrid), UMR 8168 (Mondes Américains, Paris). (Avril 2015)
- Le tremblé des correspondances. Information, préparation et projection des décisions politiques dans les « bureaux » des secrétaires d’État sous le règne de Henri III. « La matérialité de l’échange dans les réseaux de correspondance (Périodes moderne et contemporaine) ». Journée d’étude des doctorants du centre Jean-Mabillon de l’École nationale des chartes (équipe d’accueil 3624) et de l’école doctorale « Pratique et théorie du sens » (Université Paris 8 Vincennes-Saint- Denis). (Mars 2015)
- Création de l’exposition Sombra Viva à l’Académie de France - Casa de Velázquez (Madrid) (Octobre 2014)
- Le secret des “bureaux” : prises de décision et reconfigurations politiques, (vers 1570-1580) « L’écrit aux mains du pouvoir. Fabrication, diffusion et conservation de l’écrit politique (XVe-XXIe siècles) ». Journée des doctorants du centre Jean-Mabillon (équipe d’accueil 3624), École nationale des chartes. (Avril 2014)
- « La mémoire et l’oubli. L’extinction des troubles poli- tico-religieux et la genèse de l’État dans la France des premiers Bourbons », Émission spéciale La nuit de la mémoire, Radio Campus Paris. (Décembre 2013)
- « L’écriture à trois mains. Les correspondances politiques sous les derniers Valois : gou- vernementalité trinitaire et recon gurations politiques. (1567-1578) », (séminaire des doctorants, Centre d’Études et de Recherches Comparatistes (CERC), Université Sorbonne-Nouvelle - Paris-III). (Novembre 2013)