Antoine SÉNÉCHAL
Agrégé d'Histoire
EHESS (UMR 8168)
Parcours universitaire
2015-2017 : doctorant contractuel inscrit à l’EHESS, Mondes américains (UMR 8168), CRBC
Depuis septembre 2015 : préparation d’une thèse sous la direction du Professeur Jean-Frédéric Schaub (EHESS, Mondes américains (UMR 8168), CRBC), intitulée : Maintenir la présence hispanique à quel coût? Oran, société frontalière de la Monarchie Hispanique en Afrique du Nord (1670-1708)
2013-2014 : Master 2 Professionnel préparation à l’agrégation externe d’Histoire à l’ENS de Lyon ; admission à l’agrégation externe d’Histoire
2012-2013 : Master 2 Recherche en Histoire moderne à l’ENS de Lyon ; 2 semestres de mobilité ERASMUS à la Universidad Complutense de Madrid ; mémoire dirigé par le Professeur Jean-Frédéric Schaub
2011-2012 : Master 1 en Histoire moderne à l’ENS de Lyon ; mémoire dirigé par le Professeur Jean-Frédéric Schaub
2008-2011 : Classes préparatoires AL (Lycée Guist’hau de Nantes et Lycée Chateaubriand de Rennes) ; admission à l’ENS de Lyon (série Sciences Humaines, 2011)
Bourse
Février-mars 2016 : Bourse de recherche « Aides spécifiques » de 2 mois, octroyée par l’EHEHI – Casa de Velázquez à Madrid
Expériences professionnelles
2016-2017 : Mission d’enseignement à la FLSH de l’Université de Limoges, chargé de CM et de TD en Histoire (64 h)
2015-2016 : Mission d’enseignement à la FLSH de l’Université de Limoges, chargé de TD en Histoire et en LLCE Espagnol (64 h)
Recherches en cours
Mes recherches portent sur la frontière nord-africaine de la Monarchie hispanique à l’Epoque moderne, un espace sujet à des études historiographiques souvent marquées par des jugements a posteriori et influencées par le paradigme de l’« occupation restreinte » (H.-D de Grammont, 1887, F. Braudel, 1928 et R. Ricard, 1936). En focalisant mon attention sur le presidio d’Oran et de Mers el-Kébir des années 1670 jusqu’à sa première reconquête algérienne en 1708 et sur des archives essentiellement espagnoles, j’envisage une autre lecture des projets impériaux hispaniques en Méditerranée sous le règne de Charles II de Habsbourg et lors des premières années du règne de Philippe V de Bourbon, mais également une enquête sur la charnière de l’Ouest algérien au sein de la région frontalière du Détroit de Gibraltar, connectant et confrontant les mondes atlantique et méditerranéen, l’Europe chrétienne et le monde arabo-musulman.
Le premier défi posé aux Espagnols fut de maintenir leur souveraineté sur Oran, Mers el-Kébir et le « royaume d’Oran », un territoire revendiqué dans l’ouest algérien et bordant notamment les cités de Tlemcen, Mazagran, Mostaganem et Ténès. Toutefois, la territorialisation de la souveraineté de la Couronne de Castille, et de l’influence espagnole en général, était incertaine et imprécise. Les enjeux de présence et de domination des Espagnols se heurtaient nécessairement aux réalités géographiques et géopolitiques de l’Ouest algérien, à savoir : un environnement plutôt aride avec quelques vallées fertiles et quelques plateaux jalousement disputés ; une population autochtone majoritairement musulmane, semi-nomade ou sédentarisée, jouant sur les allégeances politiques pour défendre leurs propres intérêts et conserver leur autonomie ; une frontière disputée entre le sultanat du Maroc, aux mains de la dynastie alaouite, et le sultanat ottoman, via une Régence d’Alger disposant d’une autonomie accrue depuis l’avènement du régime des deys dans les années 1670.
Le second défi rencontré par les Espagnols à cette époque était la gestion d’un empire mondial, menacé sur de nombreuses frontières, avec des ressources humaines et matérielles limitées. L’historiographie actuelle tend à réviser notre vision commune de la « décadence » espagnole du XVIIe siècle, soulignant l’apparition progressive de récupérations démographiques et économiques dès le règne de Charles II de Habsbourg. Les fonds d’archives espagnoles démontrent que les autorités monarchiques, les acteurs espagnols des provinces ibériques, méridionales surtout, et les alliés internationaux de circonstance n’oublièrent pas la frontière nord-africaine. Une politique de ravitaillements et de secours fut spécifiquement déployée pour les presidios et frontières d’Espagne et d’Afrique du Nord, en synchronie avec la gestion de l’empire. Bien que souvent jugée insuffisante, elle permit d’assurer une sauvegarde d’Oran et de Mers el-Kébir avec le strict minimum prélevé depuis le patrimoine royal et avec les apports des agents exogènes ou endogènes à la Monarchie hispanique. En ce sens, la situation quotidienne des presidios nord-africains ne serait pas pire que celle des presidios d’Espagne, des Flandres ou encore du Nouveau Monde.
Face à ces contraintes, la longévité de la présence espagnole ne fut possible qu’en ayant recours à une domination alternative, plus sinueuse et plus modeste, mais capable de s’adapter aux circonstances et conjonctures changeantes afin d’assurer une ascendance minimale et prudente sur les sociétés maghrébines voisines. La voie des armes n’était pas conçue comme la plus fiable, d’autant que la Couronne avait délaissé toute ambition hégémonique et conquérante. La conservation du préside d’Oran et de Mers el-Kébir se réussit plutôt par la diplomatie de l’argent, avec le fort attrait exercé sur les sociétés méditerranéennes par les reales de a ocho sévillans et mexicains, et par l’économie de la rançon des captifs et des raids esclavagistes. Elle se jouait également à travers les connexions établies entre une société oranaise urbaine et frontalière et son environnement rural, formant ainsi un espace de communication et d’échange hybrides. Il me semble que l’Ouest algérien du tournant des XVIIe et XVIIIe siècles gagnerait à être analysé à partir de concepts tels que les « confins ethniques » de Fredrik Barth ou le « middle ground » de Richard White.
Publications et communications
- Conserver la domination aux frontières en temps difficiles. Les expériences espagnoles dans le préside d’Oran et de Mers el-Kébir à la fin du XVIIe siècle, Communication présentée au Colloque international « La domination comme expérience européenne et américaine (XVIe-XVIIe siècles) », Juin 2017, Paris-Sorbonne et Centre Roland Mousnier UMR 8596
- « El cambio dinástico, la Guerra de Sucesión y la defensa del presidio de Orán y Mazalquivir (1700-1708) », in : Vegueta Anuario de la Facultad de Geografía e Historia, 16 (2016), pp. 335-358 [en ligne]
- Projet de thèse « Maintenir la présence hispanique à quel coût? Oran, société frontalière de la Monarchie Hispanique en Afrique du Nord (1670-1708) », présenté au Séminaire du CRIHAM de la FLSH de l’Université de Limoges, novembre 2015
- Ravitailler une société frontalière à tout prix ? Le « presidio » oranais et la Monarchie Hispanique de 1670 à 1700, Communication présentée au II Workshop Internacional : Mudanças e continuidades. Espaços fronteiriços e mentalidades de fronteira, Universidade Nova de Lisbonne, juillet 2015 (sous presse)
Mots clés
Méditerranée ; Afrique du Nord ; Monarchie hispanique ; Empire ; Société frontalière ; Presidio