As Muradellas (Baltar, Ourense)
Un site de production antique de l’étain
Aux sources de l’étain antique
L’étain, en alliage avec le cuivre, est un métal indispensable pour produire du bronze, un matériau aux usages multiples dans les sociétés anciennes. Mais contrairement au cuivre, l’étain est très inégalement réparti et se concentre, pour l’Europe, le long de la façade atlantique (fig. 1). Des objets en bronze ont cependant été produits massivement sur tout le continent et autour du bassin méditerranéen depuis le 2e millénaire av. J.-C., indiquant que des réseaux d’échanges à longue distance ont fonctionné très tôt pour approvisionner les régions dépourvues de la ressource. L’identification des zones minières ayant assuré ces productions est une question ancienne à laquelle ce projet vise à apporter des éléments de réponse par l’étude d’un site de production primaire.
La péninsule Ibérique, qui dispose du champ stannifère le plus étendu d’Europe, représente en effet un territoire d’étude stratégique pour connaître cette production ancienne. Il s’agit cependant d’une région où encore très peu de recherches de terrain ont été réalisées. La chronologie des phases d’exploitation et leur organisation restent encore largement méconnues, tout comme les procédés utilisés pour traiter le minerai d’étain, la cassitérite, pour produire le métal brut.
La mine et l’atelier de As Muradellas
Ce site de production d’étain comprend des travaux miniers et un atelier de traitement de la cassitérite. Les travaux miniers ont exploité des dépôts alluviaux anciens consolidés contenant de la cassitérite, par la technique du démontage hydraulique des terrains minéralisés, qui ont laissé des vestiges caractéristiques : tranchées profondes séparées par des accumulations de galets stériles (fig. 2). Les résultats de datations OSL indiquent une activité lors de la période romaine et au XIIe siècle. La phase romaine correspond à ce qui est connu pour ce type de travaux dans le Nord-Ouest ibérique, pour l’exploitation de gisements aurifères. La chronologie médiévale est un résultat inédit sur ce type de site dans la région qui demande à être confirmé par des datations supplémentaires.
Sur une plateforme aménagée en bordure ouest de la mine, libre de galets stériles délimitant la zone d’exploitation, un atelier de traitement de la cassitérite a été localisé. Le type de métallurgie pratiqué est indiqué par une scorie d’étain. Une série de quatre sondages de faible extension a permis de confirmer en 2021 la présence de sols d’ateliers conservés à environ 80 cm de profondeur. La prospection géophysique magnétique de 2022 a révélé la présence d’anomalies correspondant à des combustions fortes. Le tracé d’un fossé ayant probablement servi au lavage fin des alluvions a aussi été mis en évidence.
En 2023, l’objectif est d’étendre la zone de fouille au niveau d’une des anomalies de combustion forte pour caractériser ces structures et mieux comprendre le phasage du site entre les périodes romaine et médiévale.