COORD. : Aliocha MALDAVSKY (Université Paris Nanterre, ESNA-Mondes américains), Aurélie MANIN (ArchAm-CNRS)
ORG. : ESNA-Mondes américains, Université Paris Nanterre, ArchAm-CNRS, Institut Universitaire de France, Institut des Amériques, IHRIM (Institut d'Histoire des Représentations et des Idées dans les Modernités)
LIEU :
- CASA DE VELÁZQUEZ
C/ Paul Guinard, 3 - Madrid
Date limite des inscriptions : 3 avril 2025
Inscriptions à travers le formulaire électronique
Présentation
L’histoire de l’Amérique coloniale constitue un laboratoire exceptionnel pour interroger les concepts, les problèmes et les débats des études animales qui, à la croisée des sciences humaines et environnementales, ont pris une place centrale dans le champ académique. Dans ce cadre, AmericAnimal propose une école d’été interdisciplinaire à la Casa de Velázquez, à destination des jeunes chercheurs et chercheuses qui abordent dans une perspective historique et/ou archéologique les rapports entre populations humaines et animales.
Les Européens auraient-ils pu coloniser les immensités américaines sans l’aide des animaux ? Cette question, qui peut paraître anodine, doit être prise très au sérieux. Jusqu’à une date récente, le rôle des animaux dans la colonisation des Amériques a été sous-estimé par l’historiographie. Seuls les chevaux et les chiens ont mérité quelques études précises à égard de leur participation dans les guerres de conquête. En revanche, les cochons, les poules, les bovins, les moutons, les mules et les chèvres – espèces alors inconnues des sociétés précolombiennes – ont été ignorés dans le processus de colonisation territoriale du Nouveau monde.
En 1972, Alfred Crosby fut l’un des premiers historiens à s’intéresser à l’européanisation du milieu par les plantes et les animaux, mais il ne consacrait qu’une trentaine de pages à ces derniers. La publication, en 1994, de l’ouvrage A Plague of Sheep a relancé les recherches en histoire environnementale dans les territoires de l’empire hispanique. Dans la discussion des conséquences écologiques de la Conquête, certains géographes comme Karl Butzer, Andrew Sluyter et Richard Hunter sont intervenus pour nuancer certaines des interprétations d’Elinor Melville et proposer de nouvelles lignes de recherche. L’archéologie, en revanche, s’est encore très peu intéressée à ce domaine.
Le collectif AmericAnimal ambitionne de reprendre le dossier ouvert par Crosby en proposant des études de cas inédites centrées sur les Amériques et la péninsule Ibérique et abordées dans la longue durée, du XVe au début du XIXe siècle. Comprendre comment se déroula la colonisation animale du Nouveau Monde implique nécessairement d’intégrer la péninsule Ibérique à l’enquête. Les Espagnes médiévales de la post-Reconquête furent en effet la matrice de sociétés reposant sur l’agropastoralisme extensif, la consommation de viande (en particulier en Vieille-Castille, Navarre et Asturies), la chasse comme marqueur identitaire de la hidalguía ou encore le dressage de chevaux et de chiens. Cette matrice ibérique a été projetée (et adaptée) dans les territoires outre-atlantiques.
Dans le cadre de ce projet résolument interdisciplinaire, des historiens.nes, anthropologues, archéologues et historiens.nes de l’art suivent les animaux à la trace dans les archives, les artefacts, les cartes, les couches stratigraphiques et les biomatériaux pour penser à nouveaux frais les processus complexes de pacification, de peuplement, de colonisation et de valorisation des territoires conquis.
Cette enquête collective pluridisciplinaire s’articule explicitement avec des questions de société contemporaines telles que nos rapports à l’altérité animale, les mutations des régimes alimentaires, les transformations de l’environnement, la transition énergétique ou encore les rapports de domination humaine sur d’autres espèces animales.
L’objectif de cette école d’été est de faire connaître ce travail collectif, de promouvoir les recherches sur ces problématiques et de réfléchir à la méthodologie dans une perspective résolument interdisciplinaire. Bien que l’ensemble des activités soient consacrées à l’Amérique coloniale, toute perspective extra-américaine est la bienvenue pour interroger la spécificité du terrain colonial et moderne avec d’autres contextes.
Modalités de l’école d’été
L’université d’été se déroulera sur trois journées dans les locaux de la Casa de Velázquez. Elle mobilisera les membres du collectif AmericAnimal et quatorze mastérants, doctorants et post-doctorants admis sur dossier. Elle prendra la forme d’ateliers animés par les chercheurs et enseignants-chercheurs participants.
La première matinée sera consacrée à une présentation du projet scientifique AmericAnimal et à un atelier historiographique avec une conférence de l’historienne Marcy Norton. Suivront quatre demi-journées méthodologiques dédiées aux sources et à leur croisement (sources notariales et judiciaires, sources cartographiques et iconographiques, sources de la technique, sources ethnolinguistiques). La dernière sera consacrée à l'interdisciplinarité, avec un accent sur l’archéozoologie.
Formateurs
- Jerónimo Bermúdez
CRH-EHESS (à distance) - Thomas Brignon
Université de Clermont Auvergne, IHRIM - Antoine Duranton
École des hautes études en sciences sociales, CRH - Arnaud Exbalin
Université Paris Nanterre, ESNA-Mondes américains - Karine Lefebvre
Universidad Nacional Autónoma de México, CIGA (Morelia, Mexique) - Aliocha Maldavsky
Université Paris Nanterre, ESNA-Mondes américains, - Aurélie Manin
CNRS, ArchAm - Marcy Norton
Université de Pennsylvanie - Emmanuelle Perez-Tisserant
Université Toulouse-Jean Jaurès, FRAMESPA-IUF - Miguel Ángel Ruz Barrio
Universidad Complutense de Madrid
Conditions pratiques
Frais d’inscription : 50 €
Les organisateurs prennent en charge le logement (en chambre double partagée), 3 nuits : du 22 juin (entrée) au 25 juin (sortie), pour les candidats qui en font la demande et qui ne résident pas à Madrid, ainsi que les petits-déjeuners et les déjeuners (3 jours).
Les déplacements et les dîners seront à la charge des participants.
Langues de l’atelier : espagnol, français, anglais.
Critères de sélection
La sélection des 14 participants se fera en fonction du dossier académique du candidat, de son profil de formation et de sa connaissance des langues. Une priorité sera accordée aux candidats dont les travaux de recherche s’inscrivent dans les champs thématiques de ces journées. Pour cela, ils devront présenter une lettre de motivation, en expliquant les raisons de leur candidature ainsi que leur sujet de recherche et de présentation orale à l’école thématique (600 mots maximum).
Les candidats doivent s’inscrire au moyen du formulaire électronique, jusqu’au 03/04/25 (17h, heure Madrid).
À compter du 10/04/25 les candidats seront informés du résultat de la sélection. On communiquera ensuite aux candidats retenus les procédures à suivre. À l’issue de l’école thématique, les candidats sélectionnés recevront un certificat de présence.