Lorsque les jésuites sont expulsés d'Espagne en 1767, personne ne songe à former des musées avec les œuvres d'art rendues soudain disponibles. Cent ans plus tard, il apparaît que les musées ont proliféré dans la Péninsule, et aucun guide de voyage n'omet de faire l'éloge du Prado ou du musée de Séville. Pour comprendre les raisons de cette brusque mutation du statut de l'image, l'auteur dresse un état des collections artistiques à la veille de l'apparition des musées d'art en Espagne, et il analyse la formation de la notion de patrimoine dans l'Espagne des Lumières. Une approche institutionnelle permet ensuite de confronter les deux modèles museaux qui s'imposent après les tentatives malheureuses de l'occupant français lors de la guerre d'Indépendance : le musée royal du Prado et les musées provinciaux. Face à un musée d'emblée prestigieux, dépendant directement de la Maison Royale, un réseau tente de se construire dont le défaut de cohérence est symbolisé par l'échec du musée national. Au-delà des aspects institutionnels, les documents d'archives et la presse dévoilent le fonctionnement réel des musées : à travers les projets architecturaux, les procédés d'exposition et les politiques d'ouverture, c'est l'apport des musées à la mutation du regard et à la construction d'une culture qui est mis à jour.
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