L'Espagne du XIXe siècle a été le premier exportateur mondial de matières minérales non énergétiques. Le mercure d'Almadén, le plomb de Carthagène, Linares ou Sierra Morena, les pyrites de Huelva, le minerai de fer basque et le zinc de la côte cantabrique alimentent un mouvement séculaire qui trouve son apogée dans le dernier tiers du siècle, avec de grandes compagnies internationales, telles que Tharsis, Río Tinto, l'Asturienne des Mines ou Peñarroya. Élément fondamental mais souvent méconnu de l'industrialisation européenne, enjeu national, terreau d'illusions individuelles et collectives, la minería espagnole du XIXe siècle appelle plusieurs grilles et échelles de lecture. Cet ouvrage s'attache à les mettre en œuvre, avec le souci de distinguer les rythmes, les espaces et les acteurs, sans en éliminer aucun. Ainsi se dégage une histoire longue, partagée entre intervenants extérieurs et volontés nationales, entre élites et couches populaires de l'Espagne. Une histoire qui se clôt avec l'épuisement des ressources minières de ce « plus proche Eldorado » mais, à l'échelle de son temps, une grande histoire, qui illustre l'insertion profonde et originale des péninsules méditerranéennes dans le mouvement industriel européen.
La presse en parle
Annales
2005 Nº 6
L'ouvrage s'inscrit dans le temps long de l'histoire du XIXe siècle. Il embrasse la période qui va de la fin du XVIIIe siècle jusqu'en 1913. Il combine deux problématiques principales : celle du rôle de la mine et des capitaux étrangers dans l'histoire économique de l'Espagne, et celle, plus générale, de l'histoire des matières premières, replacée dans un cadre européen. Gérard Chastagnaret a mis au service de ces deux interrogations une érudition sans faille et une quête archivistique obstinée. La lecture de l'ouvrage permet, par touches successives, de comprendre le fonctionnement d'un système de production original et les logiques de comportement d'une multitude d'acteurs.
François Caron