Illustres touristes

Des interlocuteurs privilégiés du dialogue franco-espagnol ?

29SEPTEMBRE 2022
Casa de Velázquez
Colloque
Session IV

Dernier colloque du cycle Illustres touristes, en partenariat avec l'Institut Cervantes de Madrid

Organisateurs : Ivanne Galant (CREC – Sorbonne Nouvelle / Pléiade – Université Sorbonne Paris Nord), Nicolás Bas Martín (Universidad de Valencia)

Avec la collaboration de : Luis González (Casa de Velázquez - EHEHI)

Organismes collaborateurs : Instituts Cervantès, Casa de Velázquez, Colegio de España (Paris), Université Sorbonne Nouvelle, Université Sorbonne Paris Nord, Universidad de Valencia, Université Toulouse Jean Jaurès

 

À la Casa de Velázquez
Entrée libre dans la limite des places disponibles

 

Programme

À partir de 10h00

  • Présentation du projet audiovisuel Des Hispanistes en voyage mené par Ivanne Galant et Jorge Villaverde (soutenu par le CREC - Sorbonne Nouvelle, le CRIMIC - Sorbonne Université et l'UR Pléiade - Sorbonne Paris Nord)

  • Projection du documentaire pilote Jean-René Aymes et Serge Salaün, souvenirs d’Espagne

  • Conférence d'Antonio Niño Rodríguez (Universidad Complutense de Madrid) : Los hispanistas y la imposible definición del carácter español

  • Clôture du cycle avec Javier Gómez Navarro, collectionneur de livres de voyage et ex-ministre du commerce et du tourisme: Historia de una biblioteca de viaje

 

Présentation du cycle

En affirmant que l’« on définit un pays, une culture exclusivement par leur rapport à leur observateur »1, Tzvetan Todorov a mis en évidence l'importance du regard de l'autre et de la relation entre observateur et observé dans la caractérisation nationale. Dans le cas de la France et de l’Espagne, les relations, séculaires et protéiformes, sont marquées par l’ambivalence. Qu’on parle de relations politiques, culturelles ou académiques, celles-ci n’ont cessé de convoquer des concepts antinomiques tels la rivalité vs la coopération ou encore le rejet vs l’admiration. De ces relations sont nées et se sont diffusées des images et, à leur tour, ces images ont agi sur la réalité, dans un processus de dialectique réciproque. Ainsi, les relations historiques et culturelles se tissent et évoluent en prenant pour référence des perceptions préexistantes ; et inversement, les relations génèrent de nouvelles images qui se superposent aux précédentes et parfois les occultent.

La prégnance du stéréotype est telle que, depuis la France, les heures de gloire de l’histoire espagnole ont souvent été oubliées, faisant de l’Espagne une simple périphérie de la France, qu’elle fût satellite du Roi Soleil ou plus tard « périphérie du plaisir » pour des voyageurs en quête d’un séjour dépaysant et bon marché2. En miroir, la France peut être considérée comme le pays des Lumières, modèle de la modernité mais également comme une voisine condescendante. Dans tous les cas, depuis la France, et même depuis l’Espagne, c’est bien la différence espagnole qui a constitué un fil conducteur, allant jusqu’à devenir le slogan touristique le plus célèbre. Hétéroimage et autoimage se sont confrontées, encouragées par un phénomène qui allait devenir de plus en plus important pour la connaissance et l’appréhension des peuples, pour nous définir et définir l’autre : le tourisme. Ce processus fait partie d’un « dialogue asymétrique » dans lequel interviennent des voix multiples, dont celles des touristes, qui participent à ce « dialogue intermédial, domestique et transnational, dans lequel les interlocuteurs négocient des significations »3.

 

Ce n’est pas la première fois que l’Institut Cervantès s’intéresse au jeu complexe de représentations entre la France et l’Espagne puisqu’en 2019, le cycle Así nos vieron. España, Españas : miradas francesas sobre la realidad española (siglos XVI-XXI) analysait les regards français sur l’Espagne depuis la littérature, l’histoire, l’histoire du livre et lanthropologie4. Le cycle Illustres touristes prendra cette fois-ci le voyage comme thème central, et invitera donc à penser ces relations France-Espagne en termes de dialogues entre les deux territoires, rendus possibles – ou mis en difficulté – par des figures ayant joué le rôle de passeurs ou médiateurs dans la connaissance du pays voisin. Figures institutionnelles, écrivains, intellectuels, artistes, ces illustres touristes ont non seulement propagé leur regard personnel sur l’Espagne ou la France, mais ont aussi tâché de faire dialoguer deux réalités, façonnant une image de l’autre et une image de soi, en allant à l’encontre des clichés ou au contraire en les renforçant. Nous confronterons ainsi touristes espagnols en France et français en Espagne, dans le but d’observer les deux faces du discours sur l’autre.

 

1 - Tzvetan Todorov, Nous et les autres, la réflexion française sur la diversité humaine, Paris, Éditions du Seuil, 1989, p. 355.

2 - Sur les voyages au Siècle des Lumières, voir Nicolás Bas Martín, “La Bibliothèque portative du voyageur: sobre libros de viajes en la estancia parisina de Cavanilles”, in Un viaje por la historia: viajeros valencianos por el siglo XVIII, Valencia, Real Sociedad Económica de Amigos del País de Valencia-Universidad de Alicante, 2008. pp. 141-162.  Sur la période de l’après-guerre, voir par exemple Ivanne Galant, « ¿Bueno, bonito y barato? El turismo francés en España (1945-1965) », in Annunziata Berrino et Carlos Larrinaga, Italia e Spagna nel turismo del secondo dopoguerra. Società, politiche, istituzioni ed economía, Milan, Franco Angeli, 2021, pp. 135-152.

3 - Jorge Villaverde, «Une approche imagologique du Sud: voyage et tourisme dans un empire informel», Crisol, Nº 16, Inventions du Sud, 2021, crisol.parisnanterre.fr/index.php/crisol/article/view/313.

4 - Voir à ce propos le numéro de la Revue des Langues Néolatines, « Comment peut-on être Espagnol ? » Regards français sur la réalité espagnole (XVIe-XXe siècles), nº392, mars 2020.

 

 

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