Présentation
Ce colloque s’inscrit dans le prolongement des réflexions engagées récemment par plusieurs programmes de recherche sur les processus d’identification et de catégorisation ocio-raciale des populations dans l’espace atlantique. Que l’on ait une conception ample de la « race » ou que l’on préfère parler de calidad pour désigner l’ensemble des critères qui prévalent dans la fabrique des contours de telle ou telle catégorie, les travaux sur ce thème tendent à affirmer qu’un grand nombre d’indicateurs s’associent dans la catégorisation des individus. Les réflexions ont jusqu’à présent porté en priorité sur le lignage, le sang, la couleur de peau, le phénotype, l’appartenance religieuse.
Nous souhaiterions introduire des marqueurs moins étudiés comme le maniement des langues, l’apparence corporelle et les pratiques alimentaires, à la fois porteurs d’informations sociales et supports de jugements. Nous partons du postulat que ces éléments de la culture matérialisée forment un ensemble de signes visuels qui concourent fabriquer, comme à brouiller, les identités.
C’est en examinant, de l’intérieur, l’usage de la parole et du corps comme outils d’inclusion et d’exclusion des catégories construites par l’administration impériale, en observant l’adoption du bilinguisme, des apparences corporelles et des habitus alimentaires, que nous serons à même de mesurer l’impact des constructions catégorielles et leurs résonnances sur les identités sociales.