CHIMER
Mobilités, communautés et environnement autour de la Mer de Chine méridionale
(1560- 1700)
Présentation :
Il est intéressant de saisir ces dynamiques dans un long XVIIe siècle qui inclut des bouleversements tels que le changement dynastique en Chine, la politique de restriction maritime du Japon, le recul des Portugais au profit des Hollandais, le passage de Taiwan entre les mains des Espagnols, des Hollandais et enfin des Chinois (1662), etc. Après une période des « aventuriers » (jusque vers 1630), de nouveaux processus se mettent en place qui circonscrivent et ordonnancent les activités régionales dans un cadre plus règlementaire. Un de ces processus de fond intéresse spécialement notre projet, la multiplication des “Chinatowns” en Asie du Sud-Est au fondement de « the really formative contact period in which maritime China joined up with the truly global trade that was emerging in the Indian Ocean in early modern times » (L. Blussé). Autrement dit, les communautés diasporiques locales en charge d’activités agricoles, artisanales, halieutiques, minières, et dont la présence est favorisée par les autorités locales ou coloniales, encouragent le grand commerce chinois. Enfin, le tout s’insère dans une période de crise climatique : le petit âge glaciaire qui affecte l’agriculture et la navigation. Or il apparaît que la vie des communautés dépend de problématiques environnementales comme le transfert de plantes, d'animaux et de techniques agricoles venus d’Amérique. L’essor du commerce des ports et des villes dépend de la capacité des campagnes à approvisionner ces centres. La navigation dépend quant à elle des ressources sylvestres et entraîne en divers lieux des déforestations. Le projet vise à reconsidérer l’histoire de la formation de diverses communautés (autochtones, de colons asiatiques et européens, des diasporas, de marchands et équipages de passage) à l’échelle des mers d’Asie orientales et de l’océan Pacifique sur un long XVIIe siècle. La dynamique du programme de recherche repose sur la collaboration entre les spécialistes des pays européens colonisateurs et des pays asiatiques. Ce groupe mettra en commun ses connaissances, ses compétences linguistiques, ses sources et ses méthodes pour étudier une série de thèmes communs, trop souvent compartimentés entre histoire coloniale européenne et histoire de l’Asie. Le projet part en effet d’un constat simple : les historiens.nes spécialistes des sociétés situées entre l’archipel indonésien, l'Asie du Sud-Est continentale, et l’ensemble Chine-Corée-Japon, l’océan Pacifique et l’océan Indien, travaillent sur des objets proches, mais collaborent relativement peu. Les traditions historiographiques, les institutions scientifiques, les fonds d’archives et les langues extrêmement diverses ont tendance à compartimenter la recherche, grossièrement entre les historiens de la colonisation européenne et les spécialistes des pays de l’« aire culturelle » de l’Asie orientale (Chine, Japon, Corée, Indonésie, péninsule Indochinoise, etc.). Il existe de notables exceptions : dans les années 1980, Denys Lombard s’était entouré de chercheurs capables de naviguer entre des sources et des langues variées, à quoi s’ajoutent des ouvrages marquants. Des publications plus récentes (M. Ollé, S. Subrahmanyam, T. Andrade, R. Bertrand, 2014, L. Gabbiani, D. Couto & F. Lachaud) et plusieurs projets (Schottenhammer, Calanca) démontrent une volonté toujours présente de travailler sur des situations de contact ou de faire dialoguer des chercheurs d’horizons divers. Le présent projet propose de renforcer cette dynamique autour d’un groupe profondément international, équilibré et diversifié dans ses spécialités. Très concrètement, il s’agira, d’une part, de partager et de donner accès à des sources et à une bibliographie en différentes langues (souvent inédites ou non traduites) qui portent sur les mêmes événements ou les mêmes phénomènes. D’autre part, les quatre axes de recherche « Communautés en mouvement et en action », « Négociations, interactions et résistances », « Environnement » et « Navigations » permettront de comparer et de connecter les histoires individuelles et collectives qui se déploient dans l’espace considéré. Une grande complexité caractérise ces communautés subissant des influences multiples (venues Inde sanskritique, Islam, Chine et Occident) et des hybridations à des degrés très variés suivant les lieux.
Institutions partenaires :
Université Toulouse - Jean Jaurès (Structuration des Mondes Sociaux (Labex SMS))
Université Toulouse - Jean Jaurès (Framespa (UMR 5136)
Universitat Pompeu Fabra - ECERM
Ateneo de Manila University
CHAM-NOVA FCSH
Coordinateurs du projet :
Guillaume GAUDIN (Université Toulouse - Jean Jaurès)
Membres de l’équipe :
Ana BUSQUETS ALEMANY (Universitat Oberta de Catalunya)
Paola CALANCA (EFEO - Chine-Corée-Japon (UMR 8173))
Thomas CALVO (El Colegio de Michoacán (Mexique))
Alexandre COELLO DE LA ROSA (University Pompeu Fabra – ECERM)
Mark DIZON (Universidad Ateneo de Manila)
Frédéric DURAND (Université Toulouse - Jean Jaurès / LISTT (UMR 5193))
Luca GABBIANI (EFEO - Chine-Corée-Japon - (UMR 8173))
Guillaume GAUDIN (Université Toulouse - Jean Jaurès / Framespa (UMR 5136))
Ubaldo IACCARINO ("L'Orientale" University of Napoli)
Miguel LOURENÇO (Univ. Nova de Lisboa - CHAM-NOVA FCSH)
Paulina MACHUCA (El Colegio de Michoacán - Laboratorio de Análisis y Diagnóstico del Patrimonio (LADIPA))
Charlotte ORTIZ (Sorbonne Université)
Paulo PINTO (Univ. Nova de Lisboa - CHAM-NOVA FCSH)
Birgit TREMML (The University of Stockholm)
Cheng WEICHUNG (Academia Sinica – Taipei