MISSIVA connaît un développement échelonné. La réflexion a été initiée en avril 2015, au sein d’un séminaire doctoral qui s’est tenu à l’Université d’Artois (Arras) sur « L’écrit des femmes en Europe (Moyen Âge-Époque moderne) », et dont les résultats ont été publiés en janvier 2017 dans le premier numéro de la revue électronique L’Entre-deux (http://lentre-deux.com). Ce séminaire a été suivi, au printemps 2016, d’une journée d’étude en deux volets, consacrée à la correspondance et à la communication d’ordre politique, intitulée « Communication et négociation dans la culture politique hispanique, XIIIe-XVIe siècle : sources et perspectives d’analyse », qui a été organisée en collaboration avec l’équipe de l’université Complutense de Madrid « Prácticas de comunicación y negociación en las relaciones de consenso y pacto de la cultura política castellana, ca. 1230-1500 » ; elle a permis d’ouvrir de nouvelles perspectives dans le domaine politique et social. Ces travaux se sont poursuivis avec le colloque international « Lettres de femmes dans l’Europe médiévale (XIe-XVe s.)/Cartas de mujeres en la Europa medieval (siglos XI-XV) » qui s’est tenu à la Casa de Velázquez du 23 au 25 mai 2016, et dont les actes ont été publiés chez La Ergástula (Madrid) en mars 2018 (http://laergastula.com/producto/cartas-de-mujeres-en-la-europa-medieval/).
Ce colloque, qui a réuni plus d’une vingtaine de chercheurs français, espagnols, italiens et portugais issus de diverses disciplines (philologie, histoire culturelle, histoire politique, histoire des femmes, littérature,…), a révélé l’intérêt scientifique et le caractère novateur de la thématique, et a permis de dégager plusieurs pistes de réflexion, dont certaines seront explorées au cours de la période 2018-2021. La rencontre a également confirmé la nécessité de mettre en place un véritable programme de recensement et d’édition de ces lettres de femmes, qui repose nécessairement sur la création d’un vaste réseau de chercheurs et de doctorants impliqués dans cette tâche.
À travers un travail mené en commun par des paléographes, des codicologues, des historiens, des philologues ou encore des linguistes, MISSIVA vise donc à s’inscrire dans la convergence des disciplines afin de poursuivre l’analyse des différents liens – politiques, familiaux, personnels – que les femmes établirent à travers leur correspondance, d’identifier le type d’informations qu’elles furent chargées de transmettre, et de décrire, s’il en est, les spécificités de ce type d’écrit. De même, le projet MISSIVA se propose-t-il d’œuvrer pour la conservation et la diffusion de ce patrimoine à travers la transcription de la documentation et sa mise à disposition sur une base de données dont la configuration et les fonctionnalités seront définies au cours de la période 2018-2021.
Si, compte tenu de l’ampleur de l’aire géographique retenue, plusieurs centres d’archives seront explorés, une attention particulière sera portée, au cours des années 2018-2021, aux Archives de la Couronne d’Aragon, où sont conservées, pour la période médiévale, des milliers de lettres de femmes nécessitant d’être répertoriées, transcrites et analysées. Pour ce faire, MISSIVA prendra appui sur l’antenne de l’EHEHI à Barcelone.
Axes de recherche
Le projet MISSIVA se fixe donc trois types d’objectifs :
- Faire avancer la connaissance du rôle que jouèrent les femmes au sein de la société européenne médiévale et des voies/voix qu’elles purent emprunter pour ce faire ;
- Stimuler la recherche en réseau et contribuer à la formation partagée à partir des domaines de compétence des institutions partenaires
- Assurer la diffusion auprès de la communauté des résultats de la réflexion scientifique par la publication régulière des manifestations scientifiques, la réalisation d’un ouvrage et la création d’une base de données.
À l’issue de ces trois années de collaboration scientifique et de formation pédagogique, MISSIVA projette ainsi d’étendre son réseau européen à de nouvelles institutions et d’accueillir de nouveaux doctorants. Il est notamment prévu, afin que se concrétise le projet de création et de développement de la base de données et que de nombreux chercheurs puissent s’impliquer dans le recensement et l’édition de ces sources, de répondre à un appel d’offre national ou européen et déposer un dossier destiné à la conservation et la valorisation de ce patrimoine (ANR, ERC ou HERA), en s’appuyant sur l’aide et l’expérience de l’EHEHI. Par ailleurs, il est envisagé de solliciter un partenariat avec l’École Française de Rome.